Collier ou harnais ?

Est-ce que l’outil fait l’obéissance ?

Céline (1,50 m les bras levés) a enfin réalisé son rêve en adoptant un jeune croisé Saint Bernard. Quand elle le promène en laisse, Grizzli est aux anges et tire comme un fou pour fureter partout. Céline suit comme elle peut et constate que très vite le petit amour a une langue de 3 mètres de long et qu’il halète à n’en plus pouvoir. Le pauvre s’étrangle sans cesse et à tirer comme ça, et elle a peur qu’il se fasse mal. Pour son confort, et sur les conseils avisés de ses proches, elle lui met un harnais. Grizzli s’habitue très bien, et tire de plus belle, dans un parfait confort cette fois.

Il a à présent 6 mois, pèse plus lourd que sa maîtresse, et devient très entreprenant avec les autres chiens, si bien que la promenade se transforme en parcours du combattant pour la pauvre Céline qui n’arrive plus à soigner une tendinite chronique … du poignet à l’épaule  !
Forte de nouveaux conseils, elle achète un collier étrangleur, pensant enfin avoir trouvé la solution. Mais passés les premiers moments de surprise, Grizzli se remet à tirer comme un forcené malgré l’étranglement, et le binôme rentre à la maison exsangue et frustré.

Alors avant que Céline n’abandonne ses balades ou ne finisse par blesser son chien, il serait peut être bon de faire une petite mise au point.

Le soucis ne vient pas de « l’outil » utilisé, mais bien de la méthode.
Avant toute chose, il faut se demander pourquoi on veut apprendre la marche au pied. Cela peut paraître stupide mais ne jamais perdre de vue ce à quoi on veut tendre permet souvent de rendre les choses plus logiques. Si l’idée est juste de faire une promenade hygiénique avant d’enfermer Grizzli pendant 8 heures, alors oui peut être que le harnais et la laisse à rallonge s’imposent, afin qu’il puisse au moins un peu s’ébattre.
Pour moi, la finalité de l’apprentissage de la marche en laisse est de marcher … sans laisse ! Pouvoir se promener avec son chien à son côté sans contrainte et en toute sérénité ! Si l’on garde cet objectif à l’esprit, il devient évident qu’une tension permanente sur la laisse n’est pas la solution, et qu’à la seconde ou on le libère, on perdra tout contrôle sur son chien.

Et cet apprentissage doit commencer dès la première sortie ! Un chiot à qui on ne laisse jamais l’occasion de tirer pour avancer adoptera le bon comportement en quelques jours !

Quand le chien adulte a déjà pris de mauvaises habitudes, l’éducation sera un peu plus longue, tout simplement parce qu’il faudra d’abord « désapprendre » tout ce que le chien considère comme normal ! Et on en vient à l’outil …

Un collier plat et solide est normalement largement suffisant.

Le collier étrangleur est dans la majorité des cas très mal utilisé, et parfaitement contre productif. Le chien tire, s’étrangle et tire malgré tout, il réussit juste à s’écraser la trachée … Ceci étant il peut arriver que je le conseille, dans des cas particuliers et toujours sous contrôle. Un chien comme Grizzli sera rapidement bien plus costaud que sa maîtresse. En l’utilisant à bon escient, l’étrangleur peut pallier en partie le manque de force physique de Céline, et lui éviter de se faire traîner sur 20 mètres en se mettant en danger, juste le temps que la rééducation opère ! La sécurité des personnes doit rester une priorité. Mais cela reste exceptionnel et surtout uniquement transitoire. L’étrangleur n’est en aucun cas une méthode d’apprentissage !

Le harnais est aujourd’hui très à la mode, mais il ne faut pas oublier que c’est un accessoire fait pour tracter ! Indispensable pour tous les sports pratiqués avec son chien ( course, vélo…) ou pour le sécuriser dans la voiture, il n’a pas grand intérêt pour marcher au côté de son maître. Il est confortable donc permet au chien de tirer tranquillement, alors que c’est exactement ce que l’on veut éviter ! De plus l’attache de la laisse se trouve au milieu du dos du chien donc le chien aura toujours tendance à marcher en avant de son maître.

Vous l’aurez compris, contraindre n’est pas apprendre, et il vaut mieux que Céline se fasse aider pour éduquer son Grizzli plutôt que d’essayer des outils de plus en plus coercitifs, qui ne feront que créer des traumatismes et instaureront un climat de méfiance entre eux ! Quant aux méthodes d’apprentissage de la marche au pied, j’y reviendrai dans le prochain article !