Agressivité en laisse, 2ème partie

A la suite de mon dernier billet sur la réactivité en laisse, j’ai eu beaucoup de messages disant « oui, mais ( ! ) dans la vraie vie, on n’a pas de personnes compréhensives en face de nous, ni de chemins larges, alors comment fait-on ? « 

Réponse en images !

Mac est un Altdeutsche Schäferhund  (AS), mâle entier de 3 ans. 

Il est sympa, bien éduqué, sans soucis à la maison, mais quand il est en laisse, bingo, il s’énerve contre tous les chiens qu’il croise ! La dernière sortie en ville a été un enfer, la table du bar s’est envolée à l’un de ses départs intempestifs, et il est de plus en plus question de ne plus l’emmener là où il peut croiser des chiens…

Je le connais, il a fait un stage d’initiation au pistage avec moi. 

Il habite au fin fond de l’Isère, il n’est pas possible de le voir de façon hebdomadaire. Mac a donc participé à un stage complet, en individuel et à la carte, en fonction de sa problématique. 

Pour lui, la journée se décompose ainsi : 

  • 1 heure en solo avec Siegrid, sa propriétaire.
  • 1 h sur le terrain avec un chien  pour observer, comprendre, proposer un autre comportement possible en laisse.
  • 1 heure sur un lieu habituel de balades canines, fréquenté par toute sorte de chiens, en libre et en laisse.
  • Balade en centre ville de Montélimar.
  • Arrêt en terrasse ( qui a duré bien plus d’une heure, parce qu’on a super bien mangé, et un rien papatoé ! )

Et là vous allez me dire, oui ben on a tout bien lu le dernier article, on sait tout, s’il est agressif, c’est qu’il a peur, il suffit de respecter son espace et tout va rentrer dans l’ordre ! 

OUI, MAIS ! ( Il n’y a pas de raison que je ne puisse pas l’utiliser moi aussi cette fameuse conjonction de coordination ), ou plutôt SAUF QUE : Un comportement n’est que la réaction adoptée et observée ,en réponse à une situation donnée, dans un moment donné,  en fonction du vécu et des expériences antérieures.

D’où l’importance fondamentale de questionner tant et plus, d’apprendre un maximun d’éléments sur la vie du chien, d’écouter tout ce que nous dit son propriétaire, et surtout ce qu’il ne nous dit pas, d’observer sans relâche le binôme. Il n’est évidement pas question de jugement, mais de  s’imprégner  de la relation, pour en comprendre tous les mécanismes. 

Historique, donc :

Mac vit avec sa mère Sly, et depuis 3 mois avec une autre petite AS de 5 mois. Il est né à la maison, dans les bras de Siegrid, qui s’en est toujours beaucoup occupé. Il a été un chiot, puis un chien calme, sans aucun problème, hyper facile, surtout comparé au caractère très dur de sa mère. Cette dernière est la reine du contrôle, toujours en vigilance, mais comme elle est parfaitement éduquée, elle sait se maîtriser et rester calme. 

Il va dans un club d’éducation de sa région, où il se montre bon élève, sociable. Il n’a jamais voulu jouer avec les autres chiens, préférant rester sagement au pied de sa maîtresse. 

Lorsque Sly a eu une autre portée deux ans plus tard, il s’est énormément occupé des bébés,  les laissant tout faire, le mordiller, manger son repas… C’est d’ailleurs la seule fois où il s’est opposé à sa mère, pour lui interdire l’accès à la gamelle des chiots. Il reproduit aujourd’hui ce comportement avec le bébé de 5 mois. 

Pendant toute notre discussion, il se promène devant nous, en liberté, mais sous l’oeil vigilant de Siegrid. Il revient au rappel, ne s’éloigne pas, tout est sous contrôle.  

Il est temps de faire rentrer Thor en scène ! 

Au 1er passage, je leur demande simplement de se croiser, sans aucune consigne. J’observe simplement.

Que constate-t’on ? 

Mac est plutôt calme, et ne réagit , sans grande conviction, qu’au moment même du croisement. Il redescend en pression immédiatement après. 

Il ne manifeste aucune crainte.

Siegrid ne cesse pas une seconde de parler à son chien ( avec notre cher mistral, ce n’est pas évident  à entendre), lui demandant de rester au pied, de rester sage, de ne pas aboyer,de ne pas toucher… Mais continue le mouvement en avant. 

Ca y est, on a largement assez d’informations, pour comprendre et proposer autre chose. 

Alors, vous feriez quoi , et pourquoi ? 

Un grand bravo à tous ceux qui ont joué le jeu, et apporté des éléments de réponses sur fb ! 

Reprenons donc ! 

Voilà le 4ème passage : 

Que s’est -il passé? 

On lui a juste enlevé toute pression, et laissé la possibilité de faire ses propres choix. 

Pourquoi ? 

Mac, depuis son premier jour de vie, n’a jamais eu à prendre la plus petite décision. Il vit entre ses 2 mamans, la biologique et l’humaine. Or sa mère canine, Sly, a vraiment l’habitude de tout contrôler. Elle s’entend parfaitement avec son fils, mais décide de tout à sa place, et surtout lui impose ses choix. Quand le chien du voisin aboie, elle monte en tension, ne bouge pas ( elle respecte l’interdiction humaine), mais fixe Mac jusqu’à ce que lui aille aboyer au grillage. S’il ne le fait pas, c’est à lui qu’elle va mettre la pression. Et bien sûr, comme Mac aboie, c’est lui  qui se fait réprimander!  Pareil au portail, et bien entendu, pareil en balade ! 

Quand ils croisaient un chien, Mac  passait tranquillement, mais sa mère, sans bouger du pied de son maître, mettait une telle intensité qu’elle le poussait à réagir. 

Juste une petite parenthèse afin que les choses soient bien claires. Sly est vraiment une chienne hors du commun, avec une intelligence redoutable et une incroyable finesse. Siegrid a fait un travail remarquable avec elle, et pourtant, il y avait de quoi être largement destabilisé ! Quand je dis que la chienne est parfaitement éduquée, il n’y a jamais eu de contrainte, brutalité et autres méthodes abjectes. Juste un immense travail de compréhension, de gestion de frustration, de freins à certains pattern moteurs particulièrement développés chez elle. 

Et Mac dans tout ça ? C’est un chien avenant, bien dans ses pattes, super sociable avec tous. C’est un vrai doux, qui cherche surtout à faire plaisir à tout le monde. Il est complètement habitué à ce qu’on lui dise ce qu’il doit faire, et s’est installé dans cette facilité en restant un gros bébé, qui ne prend pas la plus petite décision. Quand il ne sait pas quoi faire, il attend sagement qu’on lui dise.

Mais quand les humains ont vu le gentil Mac se mettre à faire le fauve en laisse, forcément, ça les a surpris, et le premier réflexe a été de reprendre le contrôle sur lui. Donc Mac, qui aboyait face à un chien pour obéir à sa mère, sent que les humains stressent à la vue du congènère et lui mettent une pression supplémentaire, comprend dès lors que c’est ce qu’on attend de lui. Et on retombe sur le shéma classique dont j’ai parlé là (Mon chien est réactif en laisse).

Comment ? 

Afin que Mac comprenne qu’on ne lui demande pas de réagir, je vais déjà demander à Siegrid de ne pas réagir elle même. Ne plus lui parler, rester le plus indifférente possible, ne pas se fixer sur le chien en face, faire demi-tour quand il s’approche trop, et laisser Mac seul chaque fois qu’il s’énerve, en lâchant la laisse et en partant. Pour les exercices à mettre en place, je vous invite à lire l’article précédent, ainsi tous vos com sur la page facebook, il y a largement de quoi faire. 

Et à chaque fois que Mac propose le comportement souhaité, Siegried sort de son indifférence, lui fait une grosse fête et joue avec lui. 

Après avoir laissé les deux chiens en liberté, on met Mac au calme, le temps d’une grosse sieste ! 

Puis départ pour les bords du Roubion, lieu habituel de balades canines. Cette fois, aucune idée de ce que l’on va rencontrer !

A peine sorti de la voiture, Mac voit deux chiens en liberté. Siegrid a pour consigne de ne strictement rien dire, mais de simplement s’éloigner si elle souhaite faire revenir son chien. Mac est libre de ses mouvements, la longe au sol sert une fois de plus à rassurer les humains, il n’en a nul besoin.

On va procéder ainsi à chaque croisement, si les chiens sont en liberté, Mac aussi, mais quand les chiens sont en laisse, on reprend évidement la longe en main.  Le travail reste le même, pas de pression, on s’écarte  simplement en laissant Mac choisir. On voit mal sur la vidéo, mais un monsieur tient son staff juste à côté de moi, il est très inquiet de savoir si Mac est un mâle ou une femelle. Le propriétaire et le chien sont aussi tendus l’un que l’autre, et Mac s’en moque éperduement ! 

Départ donc pour le centre ville, où il n’est plus question de longes et de grands espaces, mais de croisement urbain ! 

On gare la voiture juste devant un groupe de personnes et de chiens, et ça donne ça ! 

On va continuer la balade, en variant la largeur des rues, et la longueur de laisse, et tout se passe bien ! 

On termine cette journée par l’épreuve tant redoutée de la terrasse de café ! On s’installe au bord du passage, à notre gauche, à 3 tables de là, un chien est couché, puis un autre viendra s’installer peu après. 

Mac est évidement épuisé par sa journée, mais ça ne l’empêche pas de parfaitement repérer  ses congénères, ni d’observer ceux qui passent devant sa table. Pour autant, il choisit de les ignorer, et s’endort profondément. 

Un léger détail sur la photo devrait vous faire voir à quel point je travaille dans de dures conditions….

Et voilà, encore une fois, quand on cherche à comprendre le fond, sans vouloir imposer une forme, et qu’on laisse le chien proposer, les changements de comportement sont quasi immédiats ! 

Merci Siegrid pour ta confiance, merci Fabienne et Thor pour votre participation, et merci à tous ceux qui ont joué le jeu !

Vous avez la parole !

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