Je profite d’avoir enfin pensé à filmer une séance pour vous parler d’une des causes les plus habituelles de prise de rendez-vous : le chien réactif en laisse !
Caroline me contacte parce que depuis quelques temps, Naiko, son cane corso mâle de 2 ans, est devenu complètement ingérable en laisse. Dès qu’il aperçoit un chien, il se transforme en fauve, debout sur ses postérieurs, à envoyer de la voix et des dents. Le jeune chien est plutôt du genre costaud, et elle a terriblement peur de ne pouvoir le retenir. Il s’est déjà « battu » avec des congénères, et même si elle convient qu’il n’y a eu aucune blessure, elle reste traumatisée à l’idée que cela se reproduise.
La séance se déroule avec Thor, un mâle entier de même gabarit. D’un tempérament calme et posé, il est toutefois parfaitement capable de s’imposer au besoin. Je ne recherche en aucun cas le conflit, bien au contraire. L’idée est de montrer à Naiko que l’on peut avoir un contact apaisé avec un congénère, sans pour autant se mettre en danger.
Au départ, je demande de marcher en laisse détendue, à très grande distance, et de se rapprocher uniquement tant que Naiko ne réagit pas. A chaque fois qu’il monte en vigilance, Caroline fait demi-tour et l’invite à le suivre, jusqu’à ce qu’il ne se retourne plus sur le chien. On reprend alors l’exercice d’approche. Je peux ainsi déterminer la distance à partir de laquelle Naiko ne se sent plus en sécurité et commence son cinéma d’intimidation. De plus, ça permet à Caroline d’avoir un rôle plus actif, et de ne plus subir les tractions de son chien. Elle observe, anticipe, réagit et félicite son chien à chaque fois qu’il se détend. Elle prend un peu plus confiance en elle.
Ensuite, on installe Naiko dans le parc fermé. Thor est à l’extérieur, toujours en laisse, et il évolue à la limite de cette fameuse distance de confort. Et ça donne ça :
Il est temps de revenir un peu sur les causes de l’agressivité en laisse. il y en a évidement plusieurs, mais celle-ci est la plus fréquente : la peur et les mauvaises habitudes !
Pour bien comprendre, il faut juste essayer d’appréhender les événements de façon canine et non humaine!
En liberté, l’approche des chiens est parfaitement codée ( j’en ai déjà souvent parlé) et jamais frontale. Si un chien vient à pénétrer trop brusquement dans la zone personnelle d’un autre, ce dernier va reculer, s’écarter ou s’enfuir s’il a peur. Bref, il va mettre de la distance ! Exactement comme vous allez reculer quand une personne vous parle de trop près.
Or la laisse limite les mouvements et empêche toute possibilité de fuite. Dès lors, l’arrivée d’un congénère devient nettement plus anxiogène. Le chien va multiplier les signaux pour signifier son inconfort, mais comme il reste calme, ils passent généralement inaperçus pour le maître, qui continue d’avancer. La seule solution restante alors pour éviter qu’on ne rentre dans son espace, est de se montrer très menaçant physiquement. Et là, miracle, on l’écarte !
Si l’on reprend l’exemple de la personne vous parlant trop près, imaginons qu’à force de reculer, vous soyez coincé contre un mur, vous allez d’abord verbalement essayer de lui demander de reculer, mais si elle ne s’écarte pas, vous allez finir par vous sentir tellement oppressé que vous allez utiliser vos mains ( ou votre tête si vous êtes doué pour les coups de boules) pour la sortir de votre espace vital et vous permettre de respirer. C’est exactement pareil!
Sauf que là viennent se greffer plein d’incompréhensions ! Revenons à Médor, qui voit enfin le danger s’éloigner, parce qu’il a fait une grosse démonstration d’agressivité. Que peut-il en conclure ? Que cette attitude est la bonne, celle qui est écoutée et permet d’écarter le chien. Il va donc la reproduire à chaque fois, largement encouragé par la réaction du bipède à l’autre bout de la laisse. Pour ce dernier, l’attitude de son chien devient à son tour anxiogène ! Voir son gentil toutou se muer en fauve crée de l’incompréhension, de la gène vis-à vis des autres humains en face, de la peur d’être responsable d’un accident …etc… Le propriétaire part de plus en plus stressé en balade, devient encore plus vigilant que son chien, et d’aussi loin qu’il repère un congénère, il s’accroche à la laisse, et fait un pic de tension monstrueux. Il conforte ainsi ( évidement complètement involontairement) son chien dans l’idée que ce qui arrive en face est hyper dangereux, l’obligeant à prendre une attitude agressive de plus en plus tôt. Et c’est l’engrenage…
On en est donc là avec Naiko…
Le grillage est juste une barrière psychologique, il est évident que s’il voulait réellement aller à la confrontation, il n’aurait aucun mal ni à se débarasser de la pauvre Caroline qui fait le drapeau derrière lui, ni à défoncer ma pauvre clôture. Or, il n’en est rien, et dès que Caroline s’écarte assez du problème, il la suit.
Avant d’aller plus loin, 2 constats :
- pour tirer, il faut être 2
- Naiko a peur, et a 2, il se sent fort.
Je vais donc tout simplement demander à Caroline de lâcher la laisse et de s’éloigner au premier énervement de son chien.
La réaction de sa maîtresse le surprend, les aboiements sont de suite beaucoup moins convaincus ! Il se tait rapidement, en plein questionnement.
Je vais alors demander à Caroline de partir sans un mot tout au fond du terrain, qui correspond à la fameuse distance de fuite que nous a indiqué Naiko au début de la séance. Dans le même temps, je demande à ce que Thor ( qui commence à s’agacer ) se rapproche de plus en plus du grillage, jusqu’à être à moins de 5 mètres.
Et le choix de Naiko est limpide, il ne répond pas à la provocation et s’en va rejoindre sa patronne. Il n’y a pas eu le moindre ordre, la moindre demande. On lui a juste laissé la possibilité de faire des choix .
On peut dès lors partir en balade. le départ se fait en laisse, sur quelques mètres, afin d’éviter la tension de la sortie du parc; puis on lâche tout le monde. Les chiens gardent les longes par sécurité, et aussi un peu beaucoup pour rassurer les filles !
Et voilà, moins de 2 secondes et c’est fini !
Les 2 mecs se jaugent, mais ils ont eu largement le temps de prendre toutes les informations olfactives avant, et la messe est déjà dite.
Pour les humains par contre, la tentation est forte de regarder ce qui se passe, mais en restant complètement statique, figés par l’appréhension. C’est exactement ce qu’il faut éviter. Il faut rester calme, indifférent et surtout mettre du mouvement pour inciter le chien à suivre, et non pas se bloquer dans une situation inconfortable. D’où ma magnifique intervention vocale… Au passage, si quelqu’un peut m’expliquer comment couper le son sur une vidéo, ça m’arrangerait beaucoup !
Les filles continuent donc leur balade,j’enlève les longes, et voilà le résultat :
Il s’est passé moins d’une 1/2 heure entre le début de la séance et la balade en complète liberté.
Tout ça pour dire, encore et toujours, qu’il ne faut pas s’arrêter sur ce que l’on voit, mais qu’il faut chercher à comprendre, et en fonction, proposer une situation qui amène le chien à prendre ses propres décisions, en toute sécurité. Et quand on respecte chacun, tout se fait naturellement, et très rapidement !
Bonne journée à tous !
Bonjour,
J’aimerai savoir si vous avez une grille de tarifs pour ce type d’intervention. Ma chienne est agressive avec les chiens qu’elle croise, et s’est battue à plusieurs reprises. Je suis maintenant sur mes gardes quand elle en croise un, et je lui empêche le contact pour éviter le conflit. Elle a tendance à se battre avec les femelles en particulier. C’est une jack russel de 4 ans et elle n’hésite pas à attaquer plus gros qu’elle, et ça peut être dangereux. J’ai fais des cours dès son plus jeune âge, mais là je n’arrive pas à changer se comportement, et je ne sais pas comment réagir de la bonne manière. Merci de votre réponse. Cordialement