Samedi 27 octobre a eu lieu une séance glacée et très très énervée !
La veille, il faisait 20°, plein soleil, et là nous avions 7° avec un mistral déchaîné. Manifestement, les chiens étaient aussi saisis que nous par ce brusque changement climatique. De plus, par le hasard des annulations frigorifiées, il n’y avait que des mâles, exception faite de la petite Olly. Et la quasi totalité de ces mâles sont venus me voir pour des soucis d’agressivité… Bref, c’était un rien tendu !
Petit résumé en images !
Mais d’abord, présentation des loulous !
Yago, mâle, croisé husky, beauceron, labrador. Ce chien de 5 ans souffre de terribles anxiétés de séparation, et de beaucoup d’angoisses en général. Hyper réactif au bout d’une laisse, son bipède n’osait plus le lâcher en présence de congénères.
Il a donc été testé avec mes propres chiens, la séance s’était déroulée sans le moindre soucis. A partir du moment où l’on respecte son espace, il est plutôt serein, et jamais ne va provoquer qui que ce soit. Bien sûr, en laisse, les choses se compliquent, parce qu’il ne peut mettre la distance nécessaire pour sa sécurité, et monte vite en démonstration d’agressivité.
Ioda. Mâle berger austalien de 5 ans. Il aurait pu s’appeler Aldo Maccione, tant ce chien adore qu’on le regarde !
A la seconde où l’on ne s’occupe pas de lui, il se fait entendre. Lui aussi était intenable en laisse, et se muait en fauve à l’approche de ses congénères.
Lui aussi est parti en balade tranquillement et en liberté avec mes chiens. Il a même intégré des séances en libre avec d’autres mâles, sans soucis dès lors qu’ils n’étaient pas trop débordants.
Nango, mâle croisé berger australien/Border de 1 an 1/2. Il m’a été envoyé par un club canin, pour agression inexpliquée sur congénère…Il a fait des séances en longe, puis en libre avec d’autres, avec de très gros progrès. Il a des comportements inhérents à ses origines, en vigilance constante. Il a beaucoup de mal à gérer ses frustrations et est hyper sensible à l’état émotionnel de ses bipèdes. En travaillant beaucoup sur leur relation, et en observant à quel point son comportement était généré par de la peur, on lui a permis de se rassurer, et donc de se poser. Il a toujours été exemplaire en cours
Naïko, mâle cane corso d’un an. Ce gros bébé est très impressionnant par son gabarit, mais pas vraiment courageux. Il se rassure en faisant très peur aux autres, et ça marche ! Quand il arrive en tirant comme un dingue sur sa laisse et en aboyant férocement, il met une certaine pression à ses congénères, et surtout fait peur aux humains, qui sont du coup très réticents à le laisser jouer avec leur toutou ! Du coup, c’est l’éternel cercle vicieux, et les balades deviennent compliquées. A la seconde où il est en liberté, il ne pense qu’à faire des invitations au jeu !
Malo, mâle croisé berger/ chasse de 2 ans. Hyper excité, il a eu énormément de mal à se poser. Ca va infiniment mieux de ce côté là. Il a toujours été bienveillant , quoique débordant, avec ses congénères, mais une altercation avec une chienne il y a quelques semaines l’a beaucoup perturbé. Il est depuis plutôt inquiet, sur la défensive, et n’hésite pas à faire des démonstrations de force pour s’imposer pendant les premières minutes. Quand il se sent en sécurité, il n’y a plus aucun soucis.
Lycos, mâle léonberg de 3 ans. Grand habitué de la maison, il est parfaitement sociable en liberté. Pour autant, il peut se montrer réactif en laisse, quand un chien pénètre dans son espace en étant un peu trop frondeur.
Sax, mâle croisé labrador/ sharpei. Ce bébé de 6 mois assiste pour la première fois à un cours de « grands ».
Dani. Mâle croisé papillon/ nu chinois. C’est un habitué ! Dans un temps fort fort lointain, lui aussi était hyper réactif et attaquait tous les chiens. Mais c’est de l’histoire ancienne et s’adapte aujourd’hui à tous.
Nikky. Mâle croisé staff/ labrador sorti de refuge. C’est un amour de chien, toujours avenant et curieux. Il s’est fait attaquer (avec morsure) par un chien en balade, et depuis, sa maîtresse a très peur de ses réactions. Lui ne semble pas traumatisé le moins du monde, il a par contre appris à être plus prudent dans son approche des autres chiens.
Olly . Seule femelle du groupe ! Ce bébé beagle de 6 mois est imperturbable ! Elle joue comme une folle quand elle a un chien disponible, sinon furête partout.
Le gros boulot va être de la connecter un peu plus sur sa bipède quand elle est en balade !
Afin de gagner du temps, je vous invite à relire cet article « L’agressivité chez le chien » pour tout ce qui concerne les démonstrations d’agressivité.
C’est parti !
A la seconde où il sort de sa voiture, Nango est très tendu, et fonce sur Yago, qui se sent (à juste titre) agressé.
J’insiste toujours pour que les présentations ne se fassent jamais en laisse.
Le chien est un animal extrêment poli, et les approches répondent à tout un jeu de mouvements parfaitement codifiés. On s’arrête à la limite des espaces de chacun, on détourne le regard afin de ne pas se provoquer, on multiplie les signaux de non agression, avant de s’approcher pour se renifler les glandes situées à côté de l’anus, qui contiennent la carte d’identité olfactive du chien. Au besoin, chaque chien peut s’écarter, voire fuir, et surtout, chacun peut occuper un espace sans rentrer dans celui de l’autre.
En laisse, c’est exactement l’inverse ! Les chiens arrivent arqués au bout de leur laisse, en frontal, les regards se croisent, les situations se tendent instantanément, ne laissant aucune autre possibilité au deuxième que de répondre par la même attitude. Et c’est l’engrenage !
Le niveau de stress et de tension va instantanément grimper, et surtout se propager à tous les autres congénères.
Certains vocifèrent sans cesse, afin de s’imposer, de se rassurer et d’évacuer le stress .
D’autres multiplient les gestes auto -centrés qui montrent clairement leur malaise, baillement, ébrouement, bave…
Certains se figent et observent :
D’autres enfin restent imperturbables…
Lycos joue la décontraction, sans pour autant perdre une seule seconde tout mouvement du Cane Corso. Il n’est pas habitué à voir des mâles aussi gros que lui, surtout aussi énervés…
Olly multiplie les appels au jeu à tous les chiens qu’elle croise, aussi bien en laisse qu’en liberté. Elle va être notre atout détente !
Pris indépendamment et intégré dans un groupe stable, chacun de ces chiens est parfaitement capable de s’adapter et de proposer un comportement plus détendu.
Ces séances sont faites pour que les chiens continuent de progresser dans leur communication, qu’ils arrivent à surmonter leur stress malgré les conditions. L’humain doit donc être garant de leur sécurité, et il est hors de question qu’ils se sentent en danger.
Bien sûr qu’avec beaucoup de temps, d’espace, et surtout beaucoup de calme, tout ce petit monde aurait fini par être lâché ensemble sans problème, mais à condition de faire les choses progressivement. Là, il fallait gérer en plus l’état émotionnel humain ! Les propriétaires étaient soient stressés, soient épuisés, soient exaspérés par le comportement de leur compagnon, ce qui bien entendu rajoutait une tension supplémentaire !
L’exercice était donc triple ! Permettre, par petits groupes, à chaque chien de pouvoir être en liberté, jouer et communiquer avec ses congénères , pendant que les autres apprennent à accepter la promiscuité en laisse avec d’autres mâles ( le quotidien des chiens urbains…) et enfin, retrouver la sérénité et la confiance dans le binôme humain/chien !
Par groupe de 3, les chiens vont être lâchés sur le terrain d’à côté, afin de se détendre.
Les 5 premières secondes sont un peu anxiogènes, chacun se jauge, puis l’équilibre se fait, les chiens vaquent à leurs occupations. Ils ne se foncent pas dessus, mais s’approchent avec tous les codes en place, et sont capables de redescendre en émotion.
Je n’ai que peu de photos des groupes en liberté, ma super photographe étant restée avec moi et le groupe en laisse, mais tous ont pu être lâchés, sans soucis.
Pendant ce temps, nous travaillons à l’acceptation de la présence de l’autre, en laisse. Même si je suis la première convaincue que les chiens sont faits pour être en liberté, et qu’ils n’ont nul besoin de nous pour trouver un équilibre ( bien au contraire), ils sont soumis, tout comme nous, à des règles sociales humaines. Et suivre son propriétaire, en laisse, sans se jeter sur chaque congénère en fait partie !
Les chiens se croisent, se suivent, se déplacent, soit tous ensemble, soit un au milieu des autres arrêtés. Le tout, bien sûr, en respectant les espaces de chacun.
Petit à petit, les chiens se détendent, et leurs attitudes changent.
Moins en vigilance, ils peuvent reprendre un comportement naturel de chercher les informations olfactives. Les chiens ne tirent plus pour s’affronter, mais pour aller respirer les odeurs laissées sur le passage !
Les chiens vont mieux, les bipèdes aussi, on peut enfin retrouver leur complicité !
Comme d’habitude, merci à tous de dépasser vos appréhensions, et de me faire confiance, avant de faire, très vite, complètement confiance à vos loulous !