Une des réflexions que j’entends le plus souvent est » j’ai essayé toutes les méthodes, c’est impossible, mon chien ne marchera jamais sans tirer ! » Et pourtant, 20 min plus tard, les progrès sont déjà flagrants. Pourquoi ? Parce qu’au lieu d’appliquer une méthode, on cherche à comprendre et à donner du sens !
La promenade est faite pour être un moment de détente et de partage, et certainement pas un calvaire, ni pour l’un ni pour l’autre ! L’apprentissage de la marche en laisse est donc indispensable pour une vie sereine avec son compagnon, et il débute dès la première sortie ! Ou plutôt devrais-je dire, avant la 1ère sortie !
Mettons nous à la place d’un chiot lors de ses premiers jours dans sa nouvelle famille. Il quitte un monde connu et sécurisant pour être assailli d’odeurs, de lieux, de gens inconnus. Là-dessus on lui met un truc autour du cou qui gratte, qui l’embête, qui gène ses mouvements, relié par une ficelle qui l’empêche de faire ce qu’il veut. Et on le sort dans la rue avec cet harnachement, avec des voitures, des chiens qui aboient derrière les haies, des bruits … Ça fait un peu beaucoup non ?
Il faut donc procéder par étape, dans le calme. On lui met son collier, (avec un peu de chance il y a été habitué chez l’éleveur), puis la laisse dans la maison ou le jardin, quand il est bien familiarisé avec le lieu. Et surtout on ne le laisse jamais avancer en tirant ! On joue avec le chiot tout en tenant la laisse, s’il se met à tirer, on ne bouge plus, on le rappelle vers soi et on félicite quand il se place correctement ! L’exercice ne doit pas dépasser quelques minutes, mais il faut le répéter souvent, jusqu’à ce que la laisse ne soit plus source de stress.
S’il refuse d’avancer, on lâche la laisse et on s’éloigne, sans faire attention à lui. Il vous rejoindra rapidement, avec la laisse qui traîne derrière lui. On marche alors tranquillement, sans le regarder, avec assurance, avec une laisse complètement détendue. Naturellement, le chiot va vous suivre. Chaque fois qu’il se place à côté de la jambe, on le félicite, tout en disant joyeusement le mot qui servira pour la marche au pied (au pied, à côté, choucroute, peu importe, ce mot vous appartient). Si le chiot passe devant vous, changez immédiatement de direction, avant même qu’il soit en bout de laisse, et recommencez. Dès que le chiot se place correctement, félicitez et enlevez la laisse. Un bon entraînement est court, et s’arrête toujours sur une réussite ! Quand le chiot adopte directement le côté de la jambe pour se déplacer, vous augmentez un peu la distance de marche. Après seulement on peut envisager de le sortir « dans le grand monde », en commençant d’abord par un endroit le plus calme possible !
Comme toujours, le maître mot est la cohérence !
Vous ne pouvez pas accepter que votre chien tire par moment et pas à d’autres ! Le « au pied » (ou tout autre ordre) n’a strictement aucune signification pour votre chien. Donc si pendant ses balades, on le laisse tirer sur sa laisse, il apprend tout naturellement que se promener signifie aller au maximum de la tension possible sur le collier. Et il s’y fera très bien ! Il va, avec plus ou moins de bonne volonté, se plier aux exercices de marche que vous lui imposerez, avant de vite reprendre le cours de sa promenade … En tirant de plus belle ! D’où l’importance primordiale de ne pas le laisser prendre de mauvaises habitudes ! Il tire pour aller sentir à un endroit ? On s’arrête ou on part dans le sens inverse, et ce n’est que lorsqu’il revient, que la laisse est détendue, que l’on félicite et qu’on repart ! Inutile de vous dire qu’il faut énormément de patience (et de temps), pour faire quelques mètres, mais s’il n’obtient jamais rien en tirant, le chien comprendra très vite !
Pour le chien, marcher en ligne droite n’a strictement aucun sens. Il trottine en zig zag, en fonction des odeurs, fait des arrêts fréquents, repart dans l’autre sens. Ce n’est pas sa vue qui le guide, mais son odorat. Il va donc falloir que vous donniez un intérêt à un exercice particulièrement barbant ! Pour cela, on va utiliser ce que le chien connait, le suivi naturel. Si on observe un groupe de chiens, on s’aperçoit qu’ils vont toujours dans le même sens, au rythme de celui qui semble le plus savoir où il va !
Si vous prenez l’habitude de suivre votre chien, de le laisser vous promener, en attendant à chacun de ses arrêts, de lui parler sans cesse, vous lui donnez involontairement ce rôle. Il n’aura donc nul besoin de faire attention à vous, puisque vous lui aurez appris que vous êtes toujours derrière. Au contraire, marchez d’un pas serein, sans vous préoccuper de lui, avec une laisse détendue.
Il faut être 2 pour tirer, et si vous mettez de la tension, le chien s’installera tout simplement dans la traction, bien plus simple pour lui S’il passe devant, changer de direction, sans un mot. S’il s’arrête, continuez votre chemin. S’il reste bloqué sur une odeur, lâchez la laisse et partez en courant, afin que votre mouvement et la peur de vous perdre soient plus importants que ce qu’il était en train de renifler. Et vous ne lui accordez de l’intérêt qu’au moment où il se positionne tranquillement à votre côté. Félicitez et enlevez la laisse. La meilleure récompense à ce moment précis consiste à lui rendre sa liberté.
Eduquer consiste à proposer des choix, qui auront des conséquences. En l’occurrence, tu restes à côté de moi en laisse, et tu pourras vaquer à tes occupations ensuite.
C’est en général à ce moment qu’apparaissent tous les « oui, mais ! »
- Oui, mais en ville je ne peux pas lâcher la laisse
- Oui, mais je n’ai pas toujours le temps
- Oui, mais pour partir se promener, on longe une route
- Oui, mais je ne peux pas changer de direction sur un trottoir
- Oui, mais le chien a besoin de renifler
- Oui, mais quand il croise un chien, il n’écoute plus rien
Et j’en passe…
Et bien, vous avez raison ! Mais vous oubliez simplement que votre chien est en plein apprentissage, et que c’est donc à vous de lui donner les meilleures conditions pour apprendre sereinement ! De même qu’il ne vient à l’idée de personne de s’agacer parce qu’un enfant au CP apprend à écrire chaque lettre avant de constituer des mots, ou de lire Proust, il est évident que le chiot a besoin de temps, et d’un endroit neutre, pour se concentrer.
Alors oui, ça vous demandera sans doute du temps, des contraintes et des efforts, mais plus vous serez cohérents, plus l’apprentissage sera rapide.
- N’hésitez pas à prendre votre voiture, même si c’est juste pour éviter une route, et commencez votre sortie dans un pré, un espace quelconque sans trop de stimulations.
- Laissez le chien se défouler avant de lui demander un exercice qui lui demandera du calme :
- Anticipez les problèmes, plutôt que de foncer dedans.
- Pour les chiens urbains, qui n’ont aucun espace de liberté, évidement qu’ils doivent avoir du temps pour eux, pour faire travailler leur odorat, et communiquer comme ils peuvent…. N’hésitez pas à utiliser 2 outils, une longe pour les moments où ils sont en liberté surveillée, et une laisse quand vous leur demandez de marcher à vos côtés. Ca peut souvent vous aider à être plus cohérent dans votre demande !
Le chien a une capacité d’observation incroyable, et fera toujours ce qui lui apporte le plus de confort. A vous donc d’être cohérent, logique et précis dans votre demande, est cette foutue laisse ne sera bientôt plus un objet de tension !
Mon fils David 26 ans autiste a peur des chiens. Pourriez vous m’envoyer le programme de désensibilisation. Je vous en remercie.