Il est temps de revenir un peu sur les causes de l'agressivité en laisse. il y en a évidement plusieurs, mais celle-ci est la plus fréquente : la peur et les mauvaises habitudes !
Pour bien comprendre, il faut juste essayer d'appréhender les événements de façon canine et non humaine!
En liberté, l'approche des chiens est parfaitement codée ( j'en ai déjà souvent parlé) et jamais frontale. Si un chien vient à pénétrer trop brusquement dans la zone personnelle d'un autre, ce dernier va reculer, s'écarter ou s'enfuir s'il a peur. Bref, il va mettre de la distance ! Exactement comme vous allez reculer quand une personne vous parle de trop près.
Or la laisse limite les mouvements et empêche toute possibilité de fuite. Dès lors, l'arrivée d'un congénère devient nettement plus anxiogène. Le chien va multiplier les signaux pour signifier son inconfort, mais comme il reste calme, ils passent généralement inaperçus pour le maître, qui continue d'avancer. La seule solution restante alors pour éviter qu'on ne rentre dans son espace, est de se montrer très menaçant physiquement. Et là, miracle, on l'écarte !
Si l'on reprend l'exemple de la personne vous parlant trop près, imaginons qu'à force de reculer, vous soyez coincé contre un mur, vous allez d'abord verbalement essayer de lui demander de reculer, mais si elle ne s'écarte pas, vous allez finir par vous sentir tellement oppressé que vous allez utiliser vos mains ( ou votre tête si vous êtes doué pour les coups de boules) pour la sortir de votre espace vital et vous permettre de respirer. C'est exactement pareil!
Sauf que là viennent se greffer plein d'incompréhensions ! Revenons à Médor, qui voit enfin le danger s'éloigner, parce qu'il a fait une grosse démonstration d'agressivité. Que peut-il en conclure ? Que cette attitude est la bonne, celle qui est écoutée et permet d'écarter le chien. Il va donc la reproduire à chaque fois, largement encouragé par la réaction du bipède à l'autre bout de la laisse. Pour ce dernier, l'attitude de son chien devient à son tour anxiogène ! Voir son gentil toutou se muer en fauve crée de l'incompréhension, de la gène vis-à vis des autres humains en face, de la peur d'être responsable d'un accident ...etc... Le propriétaire part de plus en plus stressé en balade, devient encore plus vigilant que son chien, et d'aussi loin qu'il repère un congénère, il s'accroche à la laisse, et fait un pic de tension monstrueux. Il conforte ainsi ( évidement complètement involontairement) son chien dans l'idée que ce qui arrive en face est hyper dangereux, l'obligeant à prendre une attitude agressive de plus en plus tôt. Et c'est l'engrenage...
On en est donc là avec Naiko...
Le grillage est juste une barrière psychologique, il est évident que s'il voulait réellement aller à la confrontation, il n'aurait aucun mal ni à se débarasser de la pauvre Caroline qui fait le drapeau derrière lui, ni à défoncer ma pauvre clôture. Or, il n'en est rien, et dès que Caroline s'écarte assez du problème, il la suit.
Avant d'aller plus loin : 2 constats :
- pour tirer, il faut être 2
- Naiko a peur, et a 2, il se sent fort.
Je vais donc tout simplement demander à Caroline de lâcher la laisse et de s'éloigner au premier énervement de son chien.